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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/129

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mercredi 24 août. — 1870.

les Prussiens se rendre où il faut aller et y conduire leurs soldats. Mais pour cela il faut autre chose encore, c’est que les soldats sachent les suivre et que tous marchent d’ensemble et avec ordre au but. Il y a donc là plus qu’une question de géographie, il y a une question de discipline. Or une question de discipline, c’est la question d’éducation elle-même. Ainsi vous voyez comme le problème s’élève. Il ne s’agit pas seulement de remédier à l’insuffisance de nos connaissances dans une science où notre ignorance est devenue proverbiale, c’est toute la jeunesse française qu’il faut arracher à l’indocilité et à la turbulence où elle grandit dans la famille, dans l’école, dans le lycée, pour la rendre obéissante à la voix de ceux qui la conduisent, et la mettre en état d’exécuter les ordres géographiques, ou autres, qu’elle en reçoit. Si la Prusse n’avait pas des soldats qui savent obéir, toute la science et toutes les cartes de ses officiers ne l’auraient pas menée bien loin. Or, chez nous, l’école, qui est la pépinière de l’armée, est dans un état lamentable, non pas tant par les lacunes d’instruction qu’elle peut offrir, que parce que l’habitude de l’obéissance et du respect y fait presque totalement défaut. Nous avions ces années dernières un ministre qui a fait beaucoup de bruit, et qui s’est donné beaucoup de mouvement. Il se croyait appelé à régénérer l’enseignement en France, et il ne s’est pas épargné pour y réussir. Mais comme il n’entendait rien aux conditions essentielles de l’entreprise,