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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/132

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jeudi 25, vendredi 26 août. — 1870.

envahissent ? Certes, ce serait là une intervention qui vaudrait bien celle des puissances étrangères. Mais ceci n’est plus du ressort des volontés humaines ; cette intervention de la nature en notre faveur serait l’intervention de Dieu même qui est le maître souverain de la nature. Ce serait une grâce d’en haut, et il n’y a que la prière qui puisse l’obtenir.

26 août. — L’histoire des temps passés est remplie de récits de guerres et d’invasions, et la Lorraine a eu toujours sa bonne part de ce genre de fléau, mais, aussi haut qu’on remonte le cours des siècles, on ne trouve rien d’aussi formidable que ce qui s’accomplit en ce moment sous nos yeux. C’est mon ami Lepage qui me fournit l’occasion de cette remarque. Je l’ai trouvé hier au milieu de ses archives, lisant dans une histoire de Metz le récit d’une invasion de la Lorraine, par Ernest de Mansfeld, à l’époque de la guerre de Trente ans. — « C’est toujours la même chose, me dit-il ; toutes ces histoires d’invasion se ressemblent et pourraient se résumer en une seule. Ainsi le 23 juillet 1622, Mansfeld débouche en Lorraine par le passage de Saverne, comme le prince royal de Prusse, il entre dans la vallée de la Seille, il traverse Vic, Château-Salins, en les rançonnant tout comme viennent de faire les Prussiens. Toutefois il y a une petite différence : c’est que Mansfeld faisait cela avec 15 000 hommes, et que le prince de Prusse y en emploie deux cent mille, sans compter ceux qui opèrent d’un autre côté. Je veux bien que les armées