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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/133

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jeudi 25, vendredi 26 août. — 1870.

d’autrefois fussent plus pillardes que celles de nos jours. Cependant on s’en tire toujours à meilleur compte avec quinze mille hommes qu’avec deux-cent mille. Et nous qui croyions que c’en était fait pour toujours des anciennes misères d’autrefois ! Les voilà qui recommencent de plus belle. Car qu’est-ce que ce maigre filet d’eau de Mansfeld en comparaison de l’effroyable déluge qui nous écrase ? — Dites-en autant des batailles elles-mêmes. Qu’étaient-ce que celles de la guerre de Trente ans, à côté des immenses chocs dont nous entendrons bientôt parler. À Lutzen, Gustave-Adolphe n’avait que 15 000 hommes dans son armée, et il n’y en avait que 12 000, sans compter la cavalerie de Pappenheim qui arriva pendant l’action, du côté de Wallenstein. Ce qui n’empêche pas la bataille de Lutzen d’avoir du renom dans l’histoire. Aujourd’hui la guerre ne se fait pas à si peu de frais : attendez un peu et vous verrez des batailles qui coûteront plus d’hommes que les armées de Gustave-Adolphe et de Wallenstein réunies. Mais que voulez-vous, c’est le progrès ! Lorsque tout marche en avant, voudriez-vous donc que l’art de tuer restât en arrière ? C’est le progrès et il n’y a qu’à se résigner : ne sommes-nous pas faits pour être écrasés par le char de l’idole ? Vous vous révoltez ! mais c’est le progrès, vous dis-je, et vive le progrès ! »

Il y a encore un autre genre de progrès à signa-