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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/135

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jeudi 25, vendredi 26 août. — 1870.

encore les condamner au rôle de bouc émissaire, en détournant sur elles cette réprobation qu’on mérite ? C’est là, qu’on le sache bien, une situation qu’elles n’acceptent pas, et contre laquelle elles se soulèvent avec une unanimité d’indignation qui aura raison de tous ces outrages, et qui finira, on l’espère, par obtenir une éclatante réparation.

Quant aux journaux qui se sont mis de la partie, comment ne comprennent-ils pas qu’il y a quelque chose de mieux à faire que de s’amuser aux dépens de ceux qui sont les premiers atteints par une calamité qui menace d’être universelle ? Mais pourquoi s’étonner, pour la plupart d’entre eux, s’ils n’ont ni autant de sens, ni autant de cœur qu’ils croient avoir d’esprit ? Ils sont dans leur rôle d’amuseurs publics, et c’est trop que de leur demander de transformer leur nature et de supprimer leur raison d’être. Aussi, continuent-ils à servir à la foule le programme de leurs représentations variées et inépuisables qui achèvent de détériorer l’esprit public, mais dont il ne saurait plus se passer.

C’est qu’en effet ce serait au public à se charger de la réforme, en cessant d’encourager le journalisme léger de ses abonnements. Si son éducation intellectuelle et morale comportait qu’il ne s’amusât que dans les limites du bon sens et du bon goût, les mêmes écrivains qui lui débitent tant de sornettes, s’observeraient davantage et serviraient à leur clientèle des produits plus sains et moins fre-