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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/134

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jeudi 25, vendredi 26 août. — 1870.

ler. C’est celui de la gaîté publique qui se déploie en ce moment, au sujet de Nancy, avec un tact et une délicatesse dont la brillante situation où nous sommes ne manquera pas de faire ressortir l’à-propos. Donc il paraît, d’après les échantillons qui nous en viennent, que tous les journaux s’égaient en ce moment sur notre aventure, et qu’ils ont provoqué un éclat de rire universel contre cette ville de cinquante mille âmes qui s’est laissée prendre par quatre uhlans. Il paraît aussi que c’est à la Chambre que ce soulèvement a commencé, et que les membres du parti arcadien, M. Granier de Cassagnac en tête, en auraient donné le signal. Assurément ce qui s’est passé à Nancy est fort triste ; nous n’avons pas eu besoin de l’esprit d’autrui pour le comprendre et pour sentir tout ce qu’il y a d’humiliant dans la situation qui nous est faite. Mais est-ce notre faute si la vie locale est éteinte, si l’énergie des provinces est brisée, et si les populations envahies en sont réduites à courber la tête sous le poids écrasant de leur impuissance ? Ne voit-on pas jusqu’où il faut remonter pour trouver sur qui doit retomber la responsabilité de notre honte ? Et sied-il bien à des hommes qui ont été les prôneurs du régime qui nous a précipités dans l’abîme, de s’obstiner à ne rien avouer de ses fautes, pour accabler les pauvres populations qui en sont les victimes ? N’était-ce pas assez qu’on les ait sacrifiées avec la lâche précipitation dont nous avons fait apprécier plus haut toute l’indignité, et faut-il donc