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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/137

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samedi 27, dimanche 28 août. — 1870.

les peuples, et que l’adveniat regnum tuum s’établisse enfin parmi les hommes, voilà ce que Dieu veut toujours et ce qu’il poursuit en ce moment avec une intention plus marquée que jamais. Et ce Dieu dont je parle, c’est le Dieu vivant de nos révélations, le Dieu réel des psaumes comme de l’évangile, et non le Dieu abstrait qui s’élabore dans le cerveau des penseurs, vaine idole où l’esprit humain se contemple, comme dans son œuvre, et qui n’est que l’expression la plus raffinée des aspirations de son orgueil. Le Dieu de notre foi est le seul que l’homme n’ait pas fait lui-même, le seul qui ne soit pas un fantôme, une absurdité, un néant, le seul à qui l’homme ait raison d’adresser d’ici-bas ses vœux d’espérance, de reconnaissance et d’amour. Aussi avec quelle allégresse je m’associe tous les soirs au chant sublime qui proclame son existence et sa grandeur, qui me fait entrevoir les grands desseins qu’il médite et qui jailliront un jour du chaos ténébreux et terrible de l’heure présente !

Il y a toujours à cette prière nombre d’officiers et de soldats allemands qui nous édifient par leur tenue et leur recueillement. C’est que les corps d’occupation sont en majorité bavarois, et par conséquent catholiques. Eux aussi viennent prier pour le rétablissement de la paix, qu’ils désirent autant que nous. Sans doute, ils n’ont pas à demander comme nous à Dieu la délivrance de leur patrie ; mais ils l’implorent pour qu’il leur accorde la grâce d’y revenir. C’est ce que nous leur souhaitons de