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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/138

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samedi 27, dimanche 28 août. — 1870.

tout notre cœur pour en être plus tôt débarrassés, et c’est ce qui fait qu’on peut prier côte à côte auprès d’eux, et qu’on oublie un instant, au pied des autels, les haines nationales qui bouillonnent dans les cœurs.

Le soir, après cet office, on se retrouve sur la place de Stanislas pour s’entretenir de ces bruits qui nous tiennent lieu de nouvelles, et qui nous consolent de la réalité par l’illusion de succès chimériques. Ces jours derniers c’était sur le compte de Bazaine que roulaient toutes les dépêches à sensation. Outre la capture des cent canons, qui bientôt s’était élevée à cent quatre, nous avons eu l’écrasement du corps de Steinmetz, dans une action où toute sa cavalerie, je ne sais combien de régiments de hussards et de cuirassiers, avait été engloutie, sans qu’il en réchappât un seul homme, dans les carrières de Jaumont. On ne saurait croire combien cet engouffrement fantastique a fait des heureux pendant deux ou trois jours, dans notre bonne ville de Nancy. Mais aujourd’hui on commence à ne plus y penser, et la préoccupation publique est déplacée et se reporte, de Bazaine, sur le maréchal Mac-Mahon de qui on attend des coups décisifs. Car il paraît à peu près certain que Bazaine est enfermé sous Metz et qu’il n’a plus la liberté de ses mouvements. Tout notre espoir repose donc sur Mac-Mahon, et on se demande avec anxiété où il en est et ce qu’il fait. Il paraît qu’il a quitté