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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/150

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mardi 30 août. — 1870.

dont nous ferons bien de profiter, quand nous serons débarrassés de leur présence.

L’aventure de M. l’abbé Blanc, aumônier du lycée, fait du bruit en ville. La voici, telle qu’il me la raconte lui-même à la Mairie. Il était à l’angle de la rue de la Visitation, où se trouve la chapelle du lycée, lorsqu’il se voit entouré par une nuée de soldats allemands qui lui tendent leurs billets de logement, en demandant les adresses des maisons où on les envoie. L’abbé fait comme tout le monde, car c’est un genre, de service qui rentre, pour nous, dans les obligations de la circonstance ; il indique de la voix et du geste à ces soldats les directions qu’ils doivent prendre. Dès qu’il se retrouve seul, un personnage revêtu des insignes d’un haut grade, et qui l’avait considéré pendant tout ce manége, vient à lui, le remercie de ce qu’il vient de faire pour les soldats du roi son maître, ce dont il lui est personnellement reconnaissant. — « car, ajoute- t-il, je suis le gouverneur général de la Lorraine, et je serais heureux, M. l’abbé, si vous vouliez m’offrir l’occasion de vous être à mon tour agréable. » — Le bon abbé lui demanda aussitôt la grâce d’une pauvre femme, aubergiste à Dombasle, qui s’est mise dans un mauvais cas pour s’être portée à des voies de fait contre un soldat prussien qui en prenait trop à son aise dans son auberge. — « Cette grâce m’a été accordée, me dit l’abbé en terminant,