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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/157

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mercredi 31 août, jeudi 1er septembre. — 1870.

vérité sur un fait qui est du ressort de ce journal me fait aller à l’hôtel de l’Europe pour y voir M. Podevin qui s’y était retiré, dès que sa préfecture lui avait été enlevée par les Prussiens, et là, avec sa permission, je l’interroge sur sa situation depuis l’arrivée de l’ennemi et sur la cause de sa révocation. — « La cause, vous la comprenez, me dit-il, c’est qu’on a eu besoin d’un bouc émissaire, pour se décharger sur lui du poids de ses fautes, et que ma position me désignait en première ligne pour ce rôle. Vous savez comment tout s’est effondré ici, au lendemain de Forbach et de Reichschoffen. La panique est venue de l’armée ; c’est elle qui a entraîné la débâcle de toute l’administration militaire et civile. Des officiers d’état-major et autres traversaient Nancy en courant et en criant le sauve qui peut ! J’en ai vu : je pourrais citer des noms. Chefs et soldats, tous avaient perdu la tête ; les troupes qui étaient encore campées près de nous se sont repliées précipitamment sur Metz ou Châlons, en nous laissant sans défense. — Nous savons cela comme vous, repris-je, et c’est ce qui fait qu’à Nancy, personne n’a songé à vous rendre responsable des événements ; mais puisque tout le monde se retirait, pourquoi n’en avez-vous pas fait autant ? On n’y aurait rien trouvé à redire, et vous vous seriez épargné bien des tribulations. — Mais je n’en avais pas reçu l’ordre. Sous le premier Empire, les préfets devaient se retirer devant l’ennemi. Cette fois, on n’a rappelé que ce qui tenait à l’armée, et on m’envoyait des ins-