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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/165

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vendredi 2 septembre. — 1870.

toujours de mauvaises langues. Ils préjugent toujours le mal pour se donner l’occasion de déverser l’injure et l’outrage sur le prochain. Il y a des exceptions, mais la médisance, quand ce n’est pas la calomnie, est chez eux une affaire d’instinct et de tempérament. Cela sort naturellement de leur encrier, comme la résine coule du sapin. Il faut en prendre son parti, et laisser dire puisqu’on ne peut pas empêcher. Il nous reste d’ailleurs la ressource de répondre, et on a déjà commencé. La Cour a publié sa protestation, le Tribunal prépare la sienne. La vérité des faits sera rétablie, et, soyez tranquille, nous aurons raison, le dernier mot nous restera. » —

Il faut que je me résigne enfin à donner à manger chez moi à l’officier que je loge. Il en a le droit et il l’exige. D’un autre côté, il m’est impossible de faire préparer des repas tout exprès pour lui, et me voilà contraint, ce à quoi je n’avais pu me résoudre jusqu’à ce jour, de me faire, d’un envahisseur, un commensal. Mais, comme celui-là n’a rien qui le rende désagréable, et que, de plus, ne sachant pas un mot de français, il m’apporte l’occasion tant de fois désirée de m’exercer à causer en allemand, je prends mon mal en patience, et je me promets bien de tirer de la circonstance le meilleur parti possible.

Dès le premier repas, mon hôte m’apprend qu’il s’appelle Kamberger, qu’il est lieutenant au 13e