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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/177

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mardi 6, mercredi 7 septembre. — 1870.

journellement aux places qui lui sont désignées en cas d’attaque. On est armé et tout prêt. On a démoli tout ce qui pouvait gêner l’action de la défense. Une seule pensée anime tout le monde ici, rejeter l’ennemi chez lui et au-delà. Dieu aidant, nous y arriverons. »

À la bonne heure ! Voilà les Parisiens qui prennent la situation au sérieux, et c’est pour eux assurément ce qu’il y a de plus difficile. Ne leur faisait-on pas croire, il y a six semaines, qu’il était injurieux de supposer que leur ville pût jamais voir la fumée d’un camp ennemi ? Je sais tel grand journal qui gourmandait le gouvernement des mesures qu’il ordonnait pour assurer la défense de la capitale.

« Ne prend-on pas des précautions inutiles, gênantes pour la population, de nature à faire naître des alarmes sans objet ? Est-ce qu’il y aurait possibilité de craindre que les Prussiens puissent arriver victorieux sous les murs de Paris ? Nous tenons cette supposition injuste, injurieuse pour notre armée. Mais l’opinion publique, qui est très-impressionnable, pourrait le faire en lisant la note de la feuille officielle, et ce serait regrettable. »

Eh bien ! que pense aujourd’hui la Gazette de France de ses ménagements puérils pour les nerfs de dame opinion, et de l’optimisme chauviniste dans lequel elle se complaisait encore à la date du 26 juillet ? L’adversité est venue maintenant, avec ses rudes leçons, ramener au bon sens l’opinion publique et ses endormeurs. Mais tout cela est, à l’heure qu’il est, de l’histoire ancienne, et si je relève le fait, c’est pour que nous sachions bien jusqu’où allait alors notre aveuglement et que nous apprenions à n’y plus retomber.

Quant à la lettre de mon frère, c’est aussi de