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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/188

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jeudi 8 septembre, nativité de la sainte vierge.

tre, six, dix au plus pour les réquisitions. — Ils évitent les bois, où l’on pourrait tirer sur eux à couvert. Mais on ne s’y hasarde guère, parce que la moindre attaque contre un des leurs donne lieu aux plus terribles représailles. De plus ils ont ordonné, comme à Nancy, le dépôt de toutes les armes, et on est plus tenté de cacher celles que l’on ne rend pas, que de s’en servir. En général, ils ménagent les personnes, mais tout le pays est à leur discrétion. Ah ! on se souviendra en Lorraine de l’invasion de 1870, et il y en aura pour les veillées de bien des générations. Mais le nom de Napoléon fera désormais triste figure dans les récits des villageois. Quoi qu’on en tienne encore, ce n’est plus de sa gloire qu’on pourra parler sous le chaume. Après Waterloo c’était possible, mais après Sedan tout est fini. C’en est fait maintenant de son prestige. La légende napoléonienne est forcée dans son dernier retranchement.

C’est aujourd’hui la Nativité de la sainte Vierge, Die heilige Frau’s Geburt, comme me disait hier Kamberger, en m’apprenant que son bataillon devait aller ce matin en corps à l’église pour célébrer cette solennité. Chaque vacance, depuis vingt ans, à l’occasion de cette fête, je fais un pèlerinage à l’antique sanctuaire de Notre-Dame-de-Liesse, situé à trois lieues de Laon et à six de mon village. Ce matin, assailli par les inquiétudes les plus vives sur le sort