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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/189

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jeudi 8 septembre, nativité de la sainte vierge.

des différents groupes de ma famille enveloppés comme nous dans le cercle de l’invasion, le souvenir de cette douce dévotion annuelle me revient à l’esprit, et je me sens inspiré de faire un vœu à la sainte Vierge, à l’effet d’obtenir le salut de ces personnes environnées de tant de périls, et la grâce de les retrouver toutes saines et sauves, après la fin de la tourmente. Je m’engage donc par ce vœu à aller en pèlerinage à Notre-Dame-de-Liesse aussitôt que j’en aurai le pouvoir, et d’y emmener avec moi, si c’est possible, tous ceux que je recommande à la puissante protection de Marie.

Cet acte de foi, je ne tiens pas à le justifier auprès de ceux qui sont hors d’état de le comprendre, et qui regardent toute pratique pieuse comme une faiblesse d’esprit que réprouve le progrès de la raison. Mais qu’ils me permettent, puisque l’occasion s’en présente, de leur alléguer l’exemple d’un homme qui a fait consister le progrès de sa raison, non pas à rompre avec les vérités de la foi, mais à élever son intelligence à leur niveau, et qui, par là, s’est fait le promoteur d’un si grand mouvement philosophique dans les siècles modernes. En 1619, au début de la guerre de Trente ans, Descartes, comme il nous l’apprend lui-même, étant en quartier d’hiver en Bavière, se repliait sur lui-même pour découvrir et fixer le genre de vie ou d’étude qu’il lui convenait de suivre. Dans cet état d’incertitude et de