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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/192

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vendredi 9, samedi 10 septembre. — 1870.

parole en vertu de la capitulation de Sedan, avec permission de résider à Lunéville, il avait obtenu, en passant à Nancy, celle de visiter sa belle-sœur, qui y est restée. Dès qu’il parut en ville, avec son pantalon rouge et son képi galonné, la population se précipita sur son passage, et le bruit se répandit aussitôt qu’il était suivi de vingt mille hommes, avec lesquels il allait reprendre Nancy sur les Prussiens. Ce qu’il y a de plaisant, c’est que les Allemands crurent aussi à une alerte, que le poste de l’Hôtel-de-Ville courut aux armes, que les soldats dispersés se rallièrent à leur quartier, et que l’on en vit, dans les maisons particulières, qui se barricadèrent par précaution. De leur côté, les habitants rentraient précipitamment chez eux, et les marchands de la rue des Dominicains et des environs de la place Stanislas fermaient leurs boutiques. Telle a été la cause de cette panique qui s’apaisa aussi promptement qu’elle avait éclaté, après nous avoir leurré un instant de l’espoir de cette délivrance, qu’on attend toujours et qui ne vient jamais.

Hélas ! ce n’est pas comme libérateurs, c’est comme prisonniers et blessés que nos pauvres soldats traversent notre ville. Le chemin de fer en charrie tous les jours de nombreux convois en Allemagne et la gare est toujours assiégée par la foule à l’heure du passage des trains. C’est le mo-