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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/59

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du dimanche 7 au jeudi 11 août. — 1870.

Il n’y a donc plus pour moi qu’à observer les événements, qu’à étudier cette crise terrible d’histoire contemporaine, et à en dégager les enseignements qu’elle renferme. Une première remarque à faire, c’est le peu de solidité de ce gouvernement impérial que nous croyions si fermement établi. Il disparaît en ce moment sous nos yeux pièces par pièces comme un château de cartes. Nous le voyons s’écrouler dans son administration qui se détraque, dans ses services qui se désorganisent, dans ses armées qui se débandent. Déjà on ne peut plus compter sur la poste, ni sur le télégraphe : tout ce qui tient à l’armée se replie vers l’intérieur. Les gendarmes disparaissent. Bientôt nous n’aurons plus de police, et nous serons livrés à tous les malfaiteurs du dedans, comme à tous les ennemis du dehors.

En attendant, M. Rouher ose dire en plein Sénat, au moment où les Vosges sont franchies par les Allemands, et après que Marsal est tombé entre leurs mains, qu’aucune de nos défenses naturelles ou de nos forteresses n’est entre les mains de l’ennemi, et les journaux répètent que le maréchal Mac-Mahon n’a pas reculé plus loin que Saverne et qu’il ferme à l’ennemi tous les défilés de notre frontière. La vérité est que l’armée de Mac-Mahon est en pleine déroute, et que ce brave et malheureux capitaine, à qui l’opinion publique n’a rien retiré de la confiance et de l’estime qu’inspirent ses talents et son courage, opère rapidement sa retraite