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Page:Lacroix - Journal d'un habitant de Nancy, 1873.pdf/85

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lundi 15 août, fête de l’assomption. — 1870.

anciennes insurrections polonaises qui depuis 1831 réside à Nancy, qui est devenue pour lui une seconde patrie. Il lui paie son hospitalité en bonnes œuvres. Il visite tous les pauvres qui se cachent et il assiste tous les Polonais qui lui tombent sous la main. Cette fois ce sont trois Posnaniens, cuirassiers de l’armée prussienne, qu’il conduit à la sacristie pour leur trouver un confesseur. Ces pauvres garçons pleurent du mal qui nous arrive. Ils sentent bien que ce triomphe de la Prusse achève de river leurs chaînes. Ils viennent ici chercher des consolations religieuses dont leur cœur endolori a besoin. C’est à quoi s’emploie le bon Rojewski, avec son zèle ordinaire. Mais cela se fait en cachette, car il ne faut pas qu’on les découvre se confessant à un prêtre français. Ils vont jusqu’à dire que, dans ce cas, ils courraient risque d’être fusillés.

Une remarque que j’entends faire autour de moi, c’est qu’à en juger par l’uniforme, l’armée allemande doit coûter moins cher que la nôtre, ce qui ne l’empêche pas d’être parfaitement équipée pour le service. Tout y est simple et subordonné à l’utile, sans cet étalage d’oripeaux et de fanfreluches que nous aimons tant, et qui entraînent tant de frais en pure perte. De plus les personnes âgées disent qu’elles reconnaissent les uniformes des armées allemandes, d’autrefois, du temps des invasions de 1814 et de 1815, ces deux cadeaux de Napoléon Ier,

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