porte à Étienne et par la crainte qu’elle a de le voir se détacher d’elle, elle se pose cette question :
« Quel intérêt aurait-elle à me tromper ? Quel plaisir trouverait-elle à me tourmenter, si, en effet, il n’y avait pas quelque chose de vrai dans l’avertissement qu’elle a bien voulu me donner ? »
Mme Hélène est donc bien décidée à avoir une explication avec M. Jussieux. Elle lui a écrit en sortant du bal :
« Venez de bonne heure : j’ai beaucoup à causer avec vous. »
Et, toute anxieuse, elle attend.
Pourtant, elle s’est couchée, après avoir fait une de ces grandes et consciencieuses toilettes qui reposent la femme, car elle ne veut pas avoir le teint fatigué par les veilles ; elle ne veut pas que l’éclat de ses yeux soit éteint par la fatigue. Il est des grâces et des charmes qui se retrempent dans le repos, et elle se veut reposer pour être belle encore, toujours, parce que la beauté, elle le sait, est le premier mérite, comme la première vertu, d’une femme devant les regards de l’homme qu’elle aime et dont elle veut continuer à être aimée.
Quand il fit jour chez la belle Mme Malsauge, sa femme de chambre entra avec un déshabillé d’une coquetterie rare et savante, dont Mme Hélène avait encore trouvé le temps de s’occuper la veille, malgré son chagrin et en dépit de sa fatigue.
Ah ! c’est que l’amour arrivé à de certaines conditions n’est plus un repos dans le bonheur ; c’est un travail constant, c’est une lutte, c’est une guerre, c’est un duel passé à l’état chronique et il s’agit d’être toujours sur