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chant un carême ou en composant un livre. Le cours de philosophie a toujours été nécessaire peut être reçu socius, et il n’y a aucun exemple du contraire, excepté quelques personnes des plus grandes maisons du royaume, que l’on recevait de la société, en même temps qu’elles étaient reçues de la maison. En 1764, les petits collèges ayant été réunis dans celui de Louis-le-Grand, on supprima le cours de philosophie ; on y a substitué une thèse sur l’Écriture sainte, qu’on appelle seconde Robertine. Les bourses n’étaient accordées qu’à des socius, qui n’avaient pas 40 livres parisis de revenu annuel, soit en bénéfices ou en patrimoine. Lorsqu’ils acquéraient ce revenu, ils cessaient d’être boursiers. Une bourse valait cinq sous et demi parisis par semaine, c’est-à-dire un peu plus de six francs de notre monnaie. Elle durait dix ans. Au bout de sept ans, on examinait avec soin ceux qui en étaient pourvus ; et quiconque était trouvé incapable d’enseigner ou de prêcher, on d’être utile au public en quelque autre manière importante, en était privé. Depuis le décret du concile de Trente, qui oblige les clercs d’avoir un titre pour être promus aux ordres sacrés, les socius boursiers se sont insensiblement abolis, et il y avait plus d’un siècle qu’il n’y en avait plus, le titre que les clercs étaient obligés d’avoir étant à peu près d’une valeur légale à celle d’une place de boursier. Robert de Sorbonne ne crut pas devoir exclure les riches de son collège. Il voulait au contraire leur inspirer le goût de l’étude, et rétablir les sciences dans le clergé ; c’est ce qui lui fit recevoir des associés non boursiers, socii non bursales. Ils étaient obligés aux mêmes examens et aux mêmes exercices que les socius boursiers, avec cette seule différence qu’ils payaient à la maison cinq sols et demi par semaine, somme égale à celle que l’on donnait aux boursiers. Tous les socius portaient le titre de docteurs ou de bacheliers de la maison et société de Sorbonne, au lieu que les hospes n’avaient que la qualité de docteurs ou de bacheliers de la maison de Sorbonne. Robert de Sorbonne voulut que tout se gérât et se réglât par les socius, et qu’il n’y eût entre eux ni supérieur, ni principal. Ainsi il défendit aux docteurs de traiter les bacheliers de disciples, et aux bacheliers de traiter les docteurs de maîtres ; ce qui donna lieu aux anciens Sorbonistes de dire : « Nous ne sommes pas entre nous comme des docteurs et des bacheliers, ni comme des maîtres et des disciples ; mais nous sommes comme des associés et des égaux. » Sed omnes sumus sicut socii et æquales. Par une suite de cette égalité, on n’a jamais reçu aucun religieux, de quelque ordre qu’il fût, socius de Sorbonne ; et depuis le commencement du 17e siècle, celui qui était mis en possession de la société prônait sur l’Évangile le serment suivant : « Qu’il n’a point intention d’aller dans une autre société ou congrégation séculière, où l’on vive en commun sous la direction d’un seul supérieur ; et que si après avoir été reçu de la société dé Sorbonne il lui arrive de changer de sentiment et de passer dans une telle autre communauté, il se reconnaît dès lors, et par le seul fait, déchu de tous les droits de la société, tant actifs que passifs, et qu’il ne fera ni entreprendra rien contre le présent règlement. » Robert de Sorbonne permit aux docteurs et aux bacheliers d’avoir chez eux de pauvres écoliers, auxquels il voulut que la maison fît quelque avantage. Cet usage a toujours subsisté, et un très-grand nombre de ces pauvres étudians sont devenus des sujets très-distingués. Les premiers professeurs de Sorbonne furent Guillaume de Saint-Amour, Odon de Douai, Gérard de Reims, Laurent l’Anglais, Gérard d’Abbeville, etc. Ils enseignaient la théologie gratuitement, selon l’intention du fondateur ; et depuis 1253, il y a toujours eu au moins six professeurs, qui ont enseigné les différentes parties de la théologie gratuitement, même avant que les chaires de théologie fussent fondées. On donnait des bourses à ceux des professeurs qui étaient pauvres, c’est-à-dire qui n’avaient pas 40 livres parisis de revenu. Mois il paraît, par les registres de Sorbonne, que les premiers professeurs que nous venons de nommer étaient très-riches, et que par conséquent ils n’étaient pas boursiers. Robert de Sorbonne voulut