Page:Lafargue - La légende de Victor Hugo, 1902.djvu/43

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dans les masses ouvrières les saines et consolantes théories de l’économie politique, réfute Proudhon, combat « le langage des flatteurs du peuple, qui le calomnient. Le peuple écoute ceux qui l’entretiennent des principes et des devoirs plus volontiers que ceux qui lui parlent de ses intérêts et de ses droits. » (Numéro du 1er novembre). Il se fait l’apôtre du libéralisme, cette religion bourgeoise qui amuse le peuple avec des principes, lui inculque des devoirs, et le détourne de ses intérêts et de ses droits ; qui lui fait abandonner la proie pour l’ombre.

Après l’insurrection de juin, il ne restait, selon Hugo, qu’un moyen de sauver la République : — la livrer à ses ennemis. Thiers pensait ainsi après la Commune. La Réforme incapable de s’élever jusqu’à l’intelligence de cette machiavélique tactique, se plaignait de ce que « les républicains sont mis à l’index. On les fuit, on les renie, tandis qu’il n’y a pas de légitimistes ou d’orléanistes, si décriés, dont on n’épaule l’ignorance et qu’on n’essaie de réhabiliter à tout prix. » L’Evénement lui rive son clou avec cette frappante réplique : « Si les républicains sont à ce point suspects, n’est-ce pas la faute des républicains ?... Le christianisme n’a été réellement puissant que lorsque les prêtres en ont perdu la direction. » (Numéro du 1er août). Et pour protéger la République contre les républicains le journal de Victor Hugo entre en campagne contre Caussidière parce qu’il n’est pas « la tête, mais la main » ; contre Louis Blanc, parce que « son crime, ce sont ses idées ; ses livres, ses discours ; ses complices, ce