Page:Lafargue - Le Droit à la paresse.djvu/44

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vin, plus catholique que le pape, elle boira à grandes et profondes rasades du bordeaux, du bourgogne sans baptême industriel et laissera l’eau aux bêtes.

Les prolétaires ont arrêté en leur tête d’infliger aux capitalistes des dix heures de forge et de raffinerie ; là est la grande faute, la cause des antagonismes sociaux et des guerres civiles. Défendre et non imposer le travail, il faudra. Les Rothschild, les Say seront admis à faire la preuve d’avoir été, leur vie durant, de parfaits vauriens ; et s’ils jurent vouloir continuer à vivre en parfaits vauriens malgré l’entraînement général pour le travail, ils seront mis en carte et à leur mairie respective ils recevront tous les matins une pièce de vingt francs pour leurs menus plaisirs. Les discordes sociales s’évanouiront. Les rentiers, les capitalistes, tous les premiers, se rallieront au parti populaire, une fois convaincus que loin de leur vouloir du mal, on veut au contraire les débarrasser du travail de sur-consommation et de gaspillage dont ils ont été accablés dès leur naissance. Quant aux bourgeois incapables de prouver leurs titres de vauriens, on les laissera suivre leurs instincts : il existe suffisamment de métiers dégoûtants pour les caser, — Dufaure nettoierait les latrines publiques, Galliffet chourinerait les cochons galeux et les chevaux farcineux ; les membres de la commission des grâces, envoyés à Poissy, marqueraient les bœufs et les moutons à abattre ; les sénateurs, attachés aux pompes funèbres, joueraient les croque-morts. Pour d’autres, on trouverait des métiers à portée de leur intelligence. Lorgeril, Broglie boucheraient les bou-