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Page:Lafargue - Le Droit à la paresse.djvu/45

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teilles de champagne, mais on les muselerait pour les empêcher de s’enivrer ; Ferry, Freycinet, Tirard détruiraient les punaises et les vermines des ministères et autres auberges publiques ; il faudra cependant mettre les deniers publics hors de la portée des bourgeois de peur des habitudes acquises.

Mais, dure et longue vengeance on tirera des moralistes qui ont perverti l’humaine nature, des cagots, des cafards, des hypocrites « et autres telles sectes de gens qui se sont déguisés comme masques pour tromper le monde. Car donnant entendre au populaire commun qu’ils ne sont occupés sinon à contemplation et dévotion, en jeusnes et macération de la sensualité, sinon vrayement pour sustenter et alimenter la petite fragilité de leur humanité : au contraire font chière, Dieu sçait quelle ! et Curios simulant sed Bacchanalia vivunt[1]. Vous le pouvez lire en grosse lettre et enlumineure de leurs rouges muzeaulx et ventres à poulaine, sinon quand ils se parfument de soulphre[2]. » Aux jours des grandes réjouissances populaires, où, au lieu d’avaler de la poussière comme aux 15 août et aux 14 juillet du bourgeoisisme, les communistes et les collectivistes feront aller les flacons, trotter les jambons et voler les gobelets, les membres de l’Académie des sciences morales et politiques, les prêtres à longue et courte robe de l’é-

  1. Ils simulent des Curius et vivent comme aux Bacchanales (Juvénal).
  2. Pantagruel. Livre ii, chapitre lxxiv.