Page:Lafargue - Le Droit à la paresse.djvu/46

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glise économique, catholique, protestante, juive, positiviste et libre-penseuse, les propagateurs du malthusianisme et de la morale chrétienne, altruiste, indépendante ou soumise vêtus de jaune, tiendront la chandelle à s’en brûler les doigts et vivront en famine auprès des femmes galloises et des tables chargées de viandes, de fruits et de fleurs, et mourront de soif auprès des tonneaux débondés. Quatre fois l’an, au changement des saisons, ainsi que les chiens des rémouleurs, on les enfermera dans de grandes roues et pendant dix heures on les condamnera à moudre du vent. Les avocats et les légistes subiront la même peine.

En régime de paresse, pour tuer le temps qui nous tue seconde par seconde, il y aura des spectacles et des représentations théâtrales toujours et toujours ; c’est de l’ouvrage tout trouvé pour nos bourgeois législateurs. On les organisera par bandes, courant les foires et les villages, donnant des représentations législatives. Les généraux en bottes à l’écuyère, la poitrine chamarrée d’aiguillettes, de crachats, de croix de la Légion d’honneur, iront par les rues et les places, racolant les bonnes gens. Gambetta et Cassagnac son compère feront le boniment de la porte. Cassagnac, en grand costume de matamore, roulant des yeux, tordant la moustache, crachant de l’étoupe enflammée, menacera tout le monde du pistolet de son père et s’abîmera dans un trou dès qu’on lui montrera le portrait de Lullier ; Gambetta discourra sur la politique étrangère, sur la petite Grèce qui l’endoctorise et mettrait l’Europe en feu pour filouter la Turquie ; sur la grande