Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/114

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9. — Je suis le Dieu qui conduit les hommes et confond leur raison.


10. — Le poète des temps antiques a prédit l’ère du Capitalisme ; il a dit : « Maintenant les maux sont mêlés de bien ; mais un jour, il n’y aura plus ni liens de famille, ni justice, ni vertu. Aïdos et Némésis remonteront au ciel et le mal sera sans remède » [1]. Les temps annoncés sont arrivés:ainsi que les monstres voraces des mers et les bêtes féroces des bois, les hommes s’entre-dévorent sauvagement.


11. — Je ris de la sagesse humaine.


« Travaille, et la disette te fuira; travaille, et tes greniers s’empliront de provisions », disait la sagesse antique.


J’ai dit:


« Travaille, et la gêne et la misère seront tes fidèles compagnes; travaille, et tu videras ta maison au Mont-de-piété. »


12. — Je suis le Dieu qui bouleverse les Empires:je courbe sous mon joug égalitaire les superbes ; je broie l’insolente et égoïste individualité humaine; je façonne l’imbécile humanité pour l’égalité. J’accouple et j’attelle les salariés et les capitalistes à l’élaboration du moule communiste de la future société.


13. — Les hommes ont chassé des cieux Brahma, Jupiter, Jéhovah, jésus, Allah, je me suicide.

  1. Cette prédiction des temps capitalistes, plus véridique que celle des prophètes annonçant la venue de jésus, se trouve dans les Travaux et les Jours d’Hésiode.