Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/113

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dans la famille et la guerre dans la cité. Je sème, partout où je passe, la haine, le désespoir, la misère et les maladies.


3. — Je suis le Dieu implacable. Je me plais au milieu des discordes et des souffrances. je torture les salariés et je n’épargne pas les capitalistes mes élus.


4. — Le salarié ne peut m’échapper : si pour me fuir, il franchit les montagnes, il me trouve par-delà les monts ; s’il traverse les mers, je l’attends sur le rivage où il débarque. Le salarié est mon prisonnier et la terre est sa prison.


5. — Je gorge les capitalistes d’un bien-être lourd, bête et riche en maladies. J’émascule corporellement et intellectuellement mes élus : leur race s’éteint dans l’imbécillité et l’impuissance.


6. — Je comble les capitalistes de tout ce qui est désirable et je les châtre de tout désir. je charge leurs tables de mets appétissants et je supprime l’appétit. je garnis leurs lits de femmes jeunes et expertes en caresses et j’engourdis leurs sens. Tout l’univers leur est fade, fastidieux et fatigant : ils bâillent leur vie ; il invoquent le néant et l’idée de la mort les transit de peur.


7. — Quand c’est mon plaisir et sans que la raison des hommes sonde mes raisons, je frappe mes élus, je les précipite dans la misère, la géhenne des salariés.


8. — Les capitalistes sont mes instruments. Je me sers d’eux comme d’un fouet aux mille lanières pour flageller le stupide troupeau des salariés. J’élève mes élus au premier rang de la société et je les méprise.