Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/71

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en France, aux États-Unis, partout, enfin, où on les a utilisées pour diriger les masses; nous nous en servirons un jour en Russie. Vous nous avez enseigné, messieurs les Occidentaux, l’art d’opprimer au nom de la Liberté, d’exploiter au nom de l’Égalité, de mitrailler au nom de la Fraternité; vous êtes nos maîtres. Mais ces trois vertus du libéralisme bourgeois ne suffisent pas à constituer une religion; ce sont tout au plus des demi-dieux; il reste à trouver le Dieu suprême.


- La seule religion qui puisse répondre aux nécessités du moment est la religion du Capital, déclara avec force le grand statisticien anglais, Giffen. Le Capital est le Dieu réel, présent partout, il se manifeste sous toutes les formes - il est or éclatant et poudrette puante, troupeau de moutons et cargaison de café, stock de Bibles saintes et ballots de gravures pornographiques, machines gigantesques et grosses de capotes anglaises. Le Capital est le Dieu que tout le monde connaît, voit, touche, sent, goûte; il existe pour tous nos sens, Il est le seul Dieu qui n’a pas encore rencontré d’athée. Salomon l’adorait, bien que pour lui tout fût vanité; Schopenhauer lui trouvait des charmes enivrants, bien que pour lui tout fût désenchantement; Hartmann, l’inconscient philosophe, est un de ses conscients croyants. Les autres religions ne sont que sur les lèvres, mais au fond du cœur de l’homme règne la foi dans le Capital.


Bleichrœder, Rothschild, Vanderbilt, tous les chrétiens et tous les juifs de l’Internationale jaune, battaient les mains et vociféraient: