Page:Lafargue - Pamphlets socialistes, 1900.djvu/99

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8. - L’homme voit, touche, sent et goûte mon corps, mais mon esprit plus subtil que l’éther est insaisissable aux sens. Mon esprit est le Crédit; pour se manifester, il n’a pas besoin de corps.


9. - Chimiste plus savant que Berzélius, que Gherardt, mon esprit trans­mute les vastes champs, les colossales machines, les métaux pesants et les troupeaux mugissants en actions de papier; et plus légers que des balles de sureau, animées par l’électricité, les canaux et les hauts fourneaux, les mines et les usines bondissent et rebondissent de main en main dans la Bourse, mon temple sacré.


10. - Sans moi, rien ne se commence, ni ne s’achève dans les pays que gou­verne la Banque. je féconde le travail; je domestique au service de l’hom­me les forces irrésistibles de la nature et je mets en sa main la puissant levier de la science accumulée.


11. - J’enlace les sociétés dans le réseau d’or du commerce et de l’industrie.


12. - L’homme qui ne me possède pas, qui n’a pas de Capital, marche nu dans la vie, environné d’ennemis féroces et armés de tous les instruments de torture et de mort.


13. - L’homme qui n’a pas de Capital, s’il est fort comme le taureau, on charge ses épaules d’un plus lourd fardeau; s’il est laborieux, comme la four­mi, on double sa tâche; s’il est sobre comme l’âne, on réduit sa pitance.


14. - Que sont la science, la vertu et le travail sans le Capital? - Vanité et rongement d’esprit,