Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
jeunesse et apprentissage.

reur, Clérin, frère d’une actrice du Marais, la belle Catherine de Terlis, fille d’un commis au greffe, Madeleine Malingre, fille d’un menuisier, tous des échappés de famille, en rupture de bourgeoisie, dont les noms ne disaient rien au public. Une vieille salle de Jeu de Paume, très délabrée, sur un fossé du rempart, près de la Porte de Nesle (aujourd’hui rue Mazarine) leur fut enfin louée pour trois ans, moyennant 1 900 livres tournois. Sans rancune, par l’entremise même du traître Pinel, le vieux Poquelin fit une nouvelle avance de 160 livres.

En attendant le nettoyage et les réparations, on alla s’exercer à Rouen, en octobre et novembre, durant la foire de Saint-Romain. Au mois de janvier 1644, on revient, on s’installe, on débute. On ne donne d’abord que des tragédies. Madeleine y triomphe et Jean-Baptiste en raffole. Auprès des pièces en vogue, par Mairet, Rotrou, Pierre Corneille, s’étalent, sur l’affiche, des titres flambants d’œuvres nouvelles : Scœvola, par du Ryer, Mort de Chrispe et Mort de Sénèque par Tristan l’Hermite, Artaxerce par Magnon. L’un des fournisseurs les plus féconds de la compagnie, et qu’elle s’associe, le 28 juin, en même temps qu’un danseur, c’est Nicolas Desfontaines. Tous ses héros, à lui, sont illustres : Perna, ou la Suite de l’Illustre Bassa, Saint-Alexis ou l’Illustre Olympie, le Martyr de Saint-Genest ou l’Illustre Comédien. Malgré tant d’illustres tragédies et malgré le succès de Madeleine dans les pièces de Tristan où elle jouait les rôles passionnés de l’impératrice Fauste, cette Phèdre romaine, et de l’héroïque Epicharie, les résultats de la saison