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MOLIÈRE.

stances sont fâcheuses, la France entière est agitée par les troubles de la Fronde. Le maire de Poitiers refuse la visite des comédiens, « attendu la misère du temps et la cherté des blés ». Ils errent de nouveau et triment dans le Midi, jusqu’à ce que le duc d’Épernon (février 1650) leur donne l’ordre de quitter Narbonne pour se rendre à Agen où ils séjourneront jusqu’à sa disgrâce, en juillet ou septembre. La session des États du Languedoc s’ouvrant alors à Pézenas, on s’y transporte pour trois mois. Au printemps suivant (14 avril 1651) Molière fait un voyage à Paris, probablement seul, et pour affaires personnelles (un nouvel emprunt à son père par acte notarié) mais regagne vite son Midi. Il court de Lyon à Vienne, à Carcassonne et à Pézenas (sessions des États en 1651 et 1652), en d’autres stations encore. Néanmoins, c’est à Lyon que se font les haltes les plus fréquentes, les recettes les plus fructueuses. Lyon est alors, dans le Midi, le grand centre commercial et financier, cosmopolite et lettré. Depuis longtemps, pour la nombreuse colonie étrangère, y fonctionne un théâtre italien

C’est a Lyon, en 1653 ou 1655 au plus tard, que l’acteur-poète obtient enfin son premier succès avec l’Étourdi. Le sujet en était déjà familier aux amateurs de la ville. L’Inavvertivo, comédie de Niccolo Bardieri, dit Beltrame, dont s’inspire Molière, y avait été joué d’abord par l’auteur lui-même et sa troupe des Gelosi avec grand succès, puis reprise par ses successeurs en même temps que d’autres pièces célèbres de L. Grotto et de Nicc. Secchi, que Molière n’oubliera pas. La renommée de la troupe grandis-