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jeunesse et apprentissage.

sait. Elle fit alors une heureuse recrue : Marquise-Thérèse de Gorla, fille d’un charlatan des Grisons, qui, en épousant Du Parc, s’engage avec lui. C’est cette « Belle Marquise » qui eut l’honneur, successivement ou conjointement, d’être courtisée par les trois plus grands génies du théâtre français, Corneille, en son déclin, qu’elle dédaigna, Molière, en sa première gloire, dont elle se joua, Racine, en ses débuts, qu’elle aima peut-être. Quinze ans plus tard, après s’être brouillé avec Molière, son premier protecteur, et lui avoir enlevé l’une de ses trois étoiles, l’auteur d’Andromaque et de Britannicus suivra son cercueil en pleurant.

Les séjours à Lyon furent interrompus, la même année, par des excursions à Dijon, Grenoble, Montbrison, etc., puis par une longue halte à la Grange des Prés, résidence du Prince de Conti, en disgrâce après la Fronde, durant la session des États. L’ancien condisciple de Molière au collège de Clermont était, pour l’instant, entre les mains d’une superbe et hautaine maîtresse, Mme de Calvimont, devant laquelle on doutait « laquelle des deux était plus surprenante, de sa beauté ou de sa sottise ». C’était de plus, une « femme à cadeaux », et comme le directeur d’une autre troupe errante, Cormier, lui avait déjà graissé les doigts, Molière, bien qu’appelé, sur l’ordre du prince, par l’abbé de Cosnac, fut assez mal reçu. Le prince refusa même de payer aux comédiens leurs frais de voyage : Ce mauvais procédé me touchant de dépit, dit Cosnac, je résolus de les faire monter sur le théâtre à Pézenas et de leur donner mille écus de mon argent, plutôt que de