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MOLIÈRE.

de vagabondage aventureux et laborieux à travers la France, il avait acquis, à ses dépens, une rare expérience des choses et des gens. De toutes les humiliations subies, de toutes les vicissitudes traversées, de toutes les luttes affrontées, il rapportait, avec un esprit très dégagé des conventions mondaines et bourgeoises, des habitudes d’observation libre et personnelle, qui le rendaient de beaucoup supérieur à tous les lettrés de cabinet. Dans l’agitation de ces voyages, il n’avait pas, d’ailleurs, recueilli que de l’expérience. Infatigable travailleur, il avait accumulé les projets, études, ébauches. Qui saura ce que contenait cette fameuse malle, bourrée de manuscrits, où Vinot et Lagrange, retrouvèrent, après sa mort, Don Garcie, l’Impromptu de Versailles, Don Juan, Mélicerte, les Amants magnifiques, la Comtesse d’Escarbagnas, le Malade imaginaire, et dont la trace se perd chez les héritiers de Lagrange ? Elle était déjà bien garnie à la rentrée dans Paris, car on l’y verra puiser, dans les moments de presse, jusqu’à sa mort. Rien ne lui manquait donc plus que les occasions pour réaliser, dans leur plénitude, ses rêves et ses ambitions de comédien, de poète, de penseur. Aussi, de quelle ardeur saisit-il la première qui se présenta !