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la grande lutte.

théâtre. Désormais, on pourra, de temps à autre, la bâillonner encore, on ne pourra plus l’étouffer. Par sa franche et énergique passion pour la vérité, le farceur philosophe, achevant l’œuvre de Descartes et de Pascal, a complété, pour la nation entière, pour la noblesse, la bourgeoisie, le peuple, l’affranchissement de pensée qu’ils avaient opérée dans l’élite des esprits cultivés, et délivré de toutes les chaînes traditionnelles le génie national.

Molière, sur-le-champ, remercia gaîment le roi par un court billet, où il lui recommandait pour un canonicat vacant, « le fils de son honnête médecin, qui lui promet, et veut s obliger devant notaire a le faire vivre encore trente années ». Il s’excuse d’oser « demander encore cette grâce le propre jour de la grande résurrection de Tartuffe, ressuscité par les bontés de Sa Majesté ». Mais, ajoute-t-il, « je suis, par cette première faveur, réconcilié avec les dévots et je le serais, par cette seconde, avec les médecins ».