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MOLIÈRE.

Hôtel, à Paris, le 4 mai. Il devenait clair qu’il suffirait d’une occasion pour que l’interdiction ecclésiastique fût levée par l’autorité royale, Molière la crut venue, lorsqu’un bref du pape Clément IX, mettant fin aux dissentiments avec la cour de Rome, fut apporté à Versailles, et qu’une médaille fut frappée le 1er janvier 1669 pour solenniser la conclusion de cette « Paix de l’Église ». La Paix de l’Église devint vite, en effet, la Paix au Théâtre. La permission de « représenter le Tartuffe en public sans interruption » fut signée dès le 5 février. Le même soir, une foule énorme « où l’on courut hasard d’être étouffé dedans la presse » applaudissait à tout rompre le revenant annoncé comme « pièce nouvelle ». On ne joua rien autre, au Palais-Royal, jusqu’aux vacances de Pâques. Encore fallut-il, les jours de liberté, l’aller jouer chez les grands personnages. « Beaucoup se plaignent ici, et les médecins aussi, dit fini Patin, vu qu’il n’y a plus que les comédiens qui gagnent au Tartuffe de Molière ! »

Cette victoire ne fut attristée pour l’auteur que par la mort de son pire, le 25 février, dix jours après la première représentation. Jean Poquelin laissait des affaires fort embrouillées. Déjà, l’année précédente, son fils lui avait fait discrètement avancer 10 000 livres, par l’entremise et sous le nom de Rohault. Lors du règlement de la succession, le 5 août, il se chargea, avec la même générosité reconnaissante, d’acquitter le passif.

La cause de Molière était donc gagnée, à la ville comme à la cour, en province bientôt et à l’étranger comme à Paris, et avec elle, celle de la liberté au