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y paraissait dans toute sa majesté, revêtu d’un brocart d’or, tellement couvert de diamants qu’il semblait qu’il fût couronné de lumière ». Mais le Turc, non moins superbement vêtu, chargé d’orfèvreries et de pierres précieuses, n’avait point été ébloui, comme il convenait, ni par le luxe de la salle, ni même par la beauté fière de l’Auguste Majesté ! Il affecta même de ne s’en point apercevoir, et son indifférence fut imitée par sa suite. Cette insolence inattendue chez un Barbare avait exaspéré la vanité des courtisans. On résolut de s’en venger en s’en moquant. D’Arvieux, drogman de l’ambassade, familiarisé, par un long séjour, avec les coutumes de l’Orient, fut adjoint à Molière et Lulli pour la composition d’une turquerie grotesque, où ces mécréants seraient traités de la bonne manière.

Le Bourgeois gentilhomme, joué, l’année suivante, au même château de Chambord, dans la même saison de chasse, y surprit et y enchanta plus encore que son aîné, le pseudo-gentilhomme de province, le robin honteux, M. de Pourceaugnac. De même que la course des clystères n’avait été qu’un prétexte à bafouer la sottise des charlatans et la suffisance des provinciaux, les intermèdes dansants, la cérémonie turque en l’honneur du nouveau Mamamouchi et le Ballet des Nations, n’avaient été pour la souplesse de Molière qu’une occasion d’intercaler dans un cadre bouffon une de ses comédies les plus vivantes, d’une haute portée sociale. D’une part, la Bourgeoisie vaniteuse, mais honnête, avec ses ridicules dans M. Jourdain, sa droiture et son bon sens dans Mme Jourdain. D’autre part, la Noblesse,