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tez-vous de composer, lui disait-on, laissez l’action théâtrale à quelqu’un de vos camarades, cela vous fera plus d’honneur dans le public, et vos acteurs, d’ailleurs, qui ne sont pas des plus souples avec vous, sentiront mieux votre supériorité. » On sait la réponse de l’imprésario, réponse dictée à la fois par une passion persévérante pour l’action théâtrale, une conception plus large et plus libre de la profession de comédien, un sentiment généreux de solidarité reconnaissante pour ses compagnons de mauvaise et de bonne fortune : « Ah ! Monsieur, que dites-vous-là ! Il y a honneur à ne point quitter. »

Toutes les circonstances, pourtant, se succédaient sans relâche, pour lui conseiller une détente. Mais ce repos, comment le prendre ? Tandis que Scapin est joué tous les jours, on prépare la mise en scène de Psyché. Psyché est à peine montée et jouée le 24 juillet, qu’en prévision du prochain mariage de Monsieur, veuf d’Henriette, avec une princesse palatine, le roi demande deux comédies pour encadrer les intermèdes d’un énorme ballet. Dans ce Ballet des Ballets, devront être réunis les plus brillants épisodes applaudis dans les ballets antérieurs. C’est Molière qui doit procéder à cette confection, « lui donner l’âme », c’est Molière qui doit improviser les deux morceaux dramatiques, c’est Molière qui doit y jouer les principaux personnages. Des deux comédies, l’une est perdue, la Pastorale, où l’auteur figurait un Pâtre et un Turc, l’autre est la Comtesse d’Escarbagnas. Ce dernier pot-pourri enchanta l’Allemande et toute la cour 3 qui le redemanda durant l’hiver.