Page:Lafenestre - Molière, 1909.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
dernières années.

C’est à nuit noire, le mardi 21 février 1673 que fut levé « rue Richelieu, proche l’Académie des Peintres », le corps de « défunt Jean Baptiste Poquelin de Molière, tapissier, valet de chambre ordinaire du Roi », pour être inhumé au cimetière Saint-Joseph au pied de la croix. En l’absence du clergé, une centaine de ses amis l’accompagnèrent, portant de grands flambeaux. La foule, assemblée aux portes de la maison mortuaire, était si grande que Mlle Molière en prit peur un moment, lui croyant des intentions hostiles. Comme il y avait beaucoup de pauvres, on lui conseilla, suivant l’usage, de leur distribuer quelque argent. « À cinq sols par tête, il y en eut pour mille à douze cents livres : ils étaient trois a quatre mille. Elle les jeta à ce peuple assemblé en le priant avec des termes si touchants de donner des prières à son mari, qu’il n’y eut personne de ces gens-là qui ne priât Dieu de tout son cœur. »

Molière laissait, avec un très riche mobilier, une fortune de 40 000 livres 300 000 francs environ). Sa veuve touchait de plus sa part d’auteur. Quant à la valise contenant les manuscrits, elle la confia heureusement à Lagrange. Cet ami fidèle y reprit, pour la première édition des œuvres, en 1682, quelques-unes des pièces jouées autrefois et non encore imprimées. À sa mort ses héritiers n’eurent point, pour ce précieux dépôt, le même respect. Les papiers posthumes de Molière sont perdus, comme ont été perdues toutes les lettres qu’il dut écrire durant sa vie active. L’écriture même du grand écrivain ne nous est connue que par quelques signatures.