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sol, cultivé par des esclaves, était tout entier aux mains des riches, qui ne voulaient pas de lui. »

L’Italie, livrée aux esclaves, ne fut plus soumise à la charrue. Quelques villas somptueuses et d’immenses pâturages remplacèrent ces cultures variées qui, exécutées par les petits propriétaires latins, samnites, étrusques, campaniens, avaient entretenu tant de cités florissantes. Le résultat général fut la désertion des campagnes, l’abandon du sol et la dépopulation.

Dans une phrase qui sonne le glas de l’empire, Pline l’Ancien a, d’un raccourci puissant, marqué cette cause principale de la décadence romaine : « À vrai dire les grandes propriétés ont perdu l’Italie et elles commencent déjà à perdre les provinces. »

Ce que Pline constate ici n’avait point échappé aux législateurs de Rome ; ils s’efforcèrent par des lois agraires d’arrêter les funestes effets de cette concentration de la richesse terrienne. La loi Licinia notamment interdit de posséder plus de 500 jugères de terres publiques (environ 125 hectares), de faire paître sur l’ager publicus plus de 100 têtes de gros bétail et plus de 500 moutons sur ses propres terres. La partie des terres publiques enlevée à ceux qui possédaient plus de 500 jugères devait être distribuée aux pauvres.

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