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che, puis ce furent les anémones et les longs jets tendres des lilas ; en même temps qu’au bout des branches, les bourgeons de marronniers s’ouvraient en gousses trop mûres. Les rosiers se hasardèrent à déplier d’humbles feuilles transies et toutes roses dans la lumière ; des pousses dont je ne savais ni le nom ni la fleur, crevaient la terre friable des massifs ; un jour, je trouvai des pervenches. Je priai ma tante de me laisser inviter Charlot ; il n’osait accepter sans son frère, mais celui-ci ne se montra point jaloux de le suivre et je pus amener mon camarade.

Le plaisir le fit presque muet, il manifestait un grand respect envers Segonde et levait sur ma tante des yeux reconnaissants. Nous tentâmes de jouer dans le jardin, mais toutes les choses l’attiraient. Il se pencha au bord du bassin où vivaient deux poissons gris qui passaient et repassaient sous le reflet de notre visage. L’herbe fourmillait au soleil de bestioles plates et rouges, marquées de noir sur le dos ; Charlot m’assurait que c’était