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brui derrière moi, je fus saisi de terreur panique et me jetai follement à travers les bosquets. Chaque arbuste me flagellait au passage et retardait ma course ; des pas se précipitaient sur les miens ; la nuit et le parc conspiraient à mon épouvante : je crus jeté sur l’abîme un petit pont sous lequel je vis briller les astres. J’errai de nouveau. Je ne sais comment je me retrouvai en face de la brèche ; je passai le mur, franchis les cours et regagnai le dortoir où je me précipitai sur mon lit. Rupert ne paraissait pas avoir quitté le sien ; il y dormait, à demi découvert, d’un sommeil paisible : il me sembla que je m’éveillais ! Le dortoir était calme, plein d’une ombre bleue où la veilleuse palpitait, mais je demeurai frémissant jusqu’à l’aube avec par instant l’illusion d’être encore poursuivi.

Le lendemain, des ouvriers remaçonnèrent l’ouverture, et du grand jardin disparu, il ne resta, au-dessus du mur, que les têtes d’arbres oscillantes qui semblaient me faire signe de garder mon secret.