Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Vers cette époque, Segonde m’ayant porté des cerises, je vins au goûter m’asseoir près de Bereng qui mangeait son pain sec en étudiant une fable. Je l’invitai à puiser avec moi dans le tas de fruits que je mis entre nous deux. Les cerises étaient dures et lourdes, et d’une belle couleur vernie de sang caillé ; nos lèvres à leur contact se teignirent, et tachèrent de violet le pain où nous mordions. Bereng lançait loin de lui les noyaux humides, en les serrant entre l’index et le pouce. De temps à autre, il jetait un coup d’œil sur son livre ; soudain il me le tendit pour que je lui fisse réciter sa leçon. C’était les Deux amis de La Fontaine. Il prononça, en détachant bien les syllabes :