Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ser aux récréations, après qu’en étude nous nous étions souvent retournés l’un vers l’autre. Bereng me parlait de son pays, de ses villégiatures de vacances ; il greffait sur ses souvenirs d’impressionnantes aventures, au récit desquelles je le fixais, la bouche ouverte et les yeux ronds, jusqu’à ce qu’il s’égayât de mon expression naïve, et nommât le « bouquin » qui lui permettait de m’ébahir. Il mettait à cela tant de bonne grâce que je ne pouvais lui en vouloir et faisais, dès le lendemain, le même état de sa parole. Il s’embarrassait en de longues phrases dont il ne sortait qu’en s’essoufflant et, souvent, un mot caractéristique retenu de ses lectures, et dont il faussait le sens, ajoutait du plaisant à son discours.

Notre bonne entente fut vite connue ; Courtot la publia en inscrivant au tableau nos deux noms dans une accolade ; je dus subir les compliments déclamatoires de Terrouet, qui rédigea même une épître où se trouvait incluse toute une phrase de l’Epitome rela-