Page:Lafon - L’Élève Gilles, 1912.pdf/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tive à Castor et Pollux. Il me suivait plié en deux, le béret à la main, en insinuant que M. Gilles devait fort goûter le beau langage et les hautes imaginations pour montrer une telle préférence envers le rare conteur que l’établissement s’honorait de posséder. Bereng, obsédé de ces espiègleries, le menaçait avec tant de colère qu’il ne pouvait achever sa phrase, et provoquait le rire inextinguible de notre persécuteur. Puis on s’habitua à nous voir ensemble et on nous laissa tranquilles. De jour en jour Bereng me plaisait mieux, et l’autorité que je lui laissais prendre dans nos rapports m’attachait à lui davantage. Il venait de lui-même s’asseoir près de mon goûter, et j’avais grand bonheur à partager avec lui. De son côté, dès qu’il recevait de l’argent, il se faisait apporter par les externes des sucreries de couleur dont je mangeais bien ma part. Sa famille, une fois, lui envoya une boîte de chocolat qu’il ouvrit devant moi. C’était de petites plaques rondes toutes vêtues de papier ar-