Aller au contenu

Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


SPLEEN DES NUITS DE JUILLET


 
Les jardins de rosiers mouillés de clair de lune
Font des rumeurs de soie, aux langueurs des jets d’eau
Ruisselant frais sur les rondeurs vertes des dos
Contournés de tritons aspergeant un Neptune.

Aux berges, sous des noirs touffus, où des citrons
Voudraient être meurtris des lunaires caresses,
Des Vierges dorment, se baignent, défont leurs tresses,
Ou par les prés, les corps au vent, dansent en rond.

D’autres, l’écume aux dents, vont déchirant leurs voiles,
Pleurant, griffant leurs corps fiévreux, pleins de frissons,
Saccageant les rosiers et mordant les gazons,
Puis, rient ainsi que des folles, vers les étoiles.