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FARCE ÉPHÉMÈRE


Non ! avec ses Babels, ses sanglots, ses fiertés,
L’Homme, ce pou rêveur d’un piètre mondicule,
Quand on y pense bien est par trop ridicule,
Et je reviens aux mots tant de fois médités.

Songez ! depuis des flots sans fin d’éternités,
Cet azur qui toujours en tous les sens recule,
De troupeaux de soleils à tout jamais pullule,
Chacun d’eux conduisant des mondes habités…

Mais non ! n’en parlons plus ! c’est vraiment trop risible !
Et j’ai montré le poing à l’azur insensible !
Qui m’avait donc grisé de tant d’espoirs menteurs ?

Éternité ! pardon. Je le vois, notre terre
N’est, dans l’universel hosannah des splendeurs,
Qu’un atome où se joue une farce éphémère.