Page:Laforgue - Œuvres complètes, t1, 1922.djvu/71

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Oh ! pâle mutilé, d’un : qui m’aime me suive !
Faisant de leurs cités une unique Ninive,
Mener ces chers bourgeois, fouettés d’alléluias,
Au Saint-Sépulcre maternel du Nirvâna !

Maintenant, je m’en lave les mains (concurrence
Vitale, l’argent, l’art, puis les lois de la France…)

Vermis sum, pulvis es ! où sont mes nerfs d’hier ?
Mes muscles de demain ? Et le terreau si fier
De Mon âme, où donc était-il, il y a mille
Siècles ! et comme, incessamment, il file, file !…
Anonyme ! et pour Quoi ? — Pardon, Quelconque Loi !
L’être est forme, Brahma seul est Tout-Un en soi.

Ô Robe aux cannelures à jamais doriques
Où grimpent les Passions des grappes cosmiques ;
Ô Robe de Maïa, ô Jupe de Maman,
Je baise vos ourlets tombals éperdument !
Je sais ! la vie outrecuidante est une trêve
D’un jour au Bon Repos qui pas plus ne s’achève
Qu’il n’a commencé. Moi, ma trêve, confiant,
Je la veux cuver au sein de l’Inconscient.

Dernière crise. Deux semaines errabundes,
En tout, sans que mon Ange Gardien me réponde.