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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/108

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

berlinoise m’exaspère et j’en ai peur, aussi je n’écris pas une phrase, un vers sans vouloir du suraigu, pour me prouver que je ne m’en vais pas. Mais sans doute l’alcool à Berlin est tisane à Paris. Enfin, j’ai ici mon Baudelaire, mon Cros, des Stendhal, une foule de Balzac, En ménage, du Taine et mon Hartmann[1].

Mes jours se ressemblent, à part la secousse du jour de l’an, des réceptions et des défilés de carrosses de cour que je croyais décidément relégués dans le bric-à-brac des beaux siècles d’apparat.

Ah ! çà, fait-il, oui ou non, froid à Paris ?

Ici, tout le monde est ahuri. Du ciel bleu, un air tiède, des ondées d’avril, un temps charmant qui emplit les belles rues de jolies femmes qui se croient au printemps. Mes fenêtres donnent sur la promenade la plus fréquentée et je regarde. Il y en a d’adorables. Je passe des heures à les regarder, je fais des rêves. Mais bientôt je songe qu’elles ont, ces anges ! pantalons et organes génitaux — pouah ! pouah ! — c’est là, d’ailleurs, la grande tristesse de ma vie. —

Oui, monsieur !

Mais n’éveillons pas les questions irritantes, comme on dit dans le Panache. Enfin, est-ce le roi

  1. En ménage de Huysmans et la traduction de la Philosophie de l’Inconscient de Hartmann.