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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

m’apporte sur un plateau tout l’appareil qui accompagne un café au lait avec plusieurs sortes de petits pains minuscules. Je fais ma toilette, je mets mon habit, ma cravate blanche, mes bottines vernies, mes gants, mon claque, etc…

Un valet, à mollets superbes, m’apporte sur un plateau une lettre. C’est une visite pour dix heures. En attendant je regarde dans la cour du château les gardes faire l’exercice à cheval.

À dix heures, visite du secrétaire de la maison de la Reine. On va me présenter à Sa Majesté vers onze heures.

Comme le cœur me bat ! Représente-toi ton pauvre Jules !

À onze heures je monte. Je traverse des corridors pleins de portraits, de glaces, avec des rangées de sentinelles en armes. J’arrive dans une antichambre qui est un véritable jardin de plantes exotiques. On me présente à la comtesse Hacke, une bonne et maternelle dame (la première dame d’honneur). Elle a su la mort de papa, etc., elle me parle très affectueusement, elle me montre par la fenêtre le Rhin qui coule dans le brouillard, elle me dit de ne pas m’intimider.

Deux valets s’avancent, on m’introduit !

Ç’a été comme un éblouissement. Ah ! mon Dieu.