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LETTRES 1881-1882

je fais tous les soirs la lecture à l’Impératrice.

Je ne suis pas du tout intimidé. Je lis très clairement, très lentement, d’une voix très assurée. Je ne sais pas à quoi cela tient, peut-être à ce que je suis en pays allemand. D’ailleurs, je prépare consciencieusement mes lectures. Hier au soir, par exemple, je devais résumer à l’Impératrice le livre du baron James de Rothschild : Les Continuateurs de Loret. J’ai débité tout cela sans hésitation. Je prends mes fonctions très au sérieux, et il se pourrait que j’y apporte plus de zèle qu’on n’était habitué à en voir à mes prédécesseurs.

Hier dimanche, je me suis bien ennuyé. Dans la rue j’ai reconnu M. Lippmann[1], c’était bien lui. Je l’ai salué, mais il ne m’a pas vu, et très probablement il ne m’eût pas reconnu.

Albert Dürer et ses dessins a-t-il paru ?

Je lis tous les jours le Figaro, les Débats et l’Indépendance Belge. Nous recevons le Livre d’Octave Uzanne et la Revue des Deux Mondes. Je n’ai encore rien vu qui eût trait à votre livre. Me ferez-vous cadeau d’un exemplaire ? Vous voyez que je suis sans gêne et que les grandeurs m’ont positivement tourné la tête.

  1. Friedrich Lippmann était le directeur du Cabinet des dessins et des estampes au Musée royal de Berlin.