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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

Chaque ligne de votre beau livre me rappellerait tant de souvenirs ! Surtout les heures passées à travailler seuls dans votre chambre où éclatait la note d’un fauteuil jaune. — Et les impressionnistes ! Deux éventails de Pissarro bâtis solidement par petites touches patientes. — De Sisley, la Seine avec poteaux télégraphiques et ciel de printemps. Ou une berge des environs de Paris avec un voyou bucolisant par les sentiers. — Et les pommiers en fleurs escaladant une colline, de Monet. — Et la sauvageonne ébouriffée de Renoir, et de Berthe Morisot un sous-bois profond et frais, une femme assise, son enfant, un chien noir, un filet à papillons. Et encore de Morisot, une bonne avec son enfant, bleu, vert, rose, blanc, soleil. — Et de Renoir encore, la Parisienne aux lèvres rouges en jersey bleu. Et cette très capricieuse femme au manchon, une rose laque à la boutonnière, dans un fond spirituellement fouetté de neige. Et la danseuse de Mary Cassatt en jaune vert blond roux, fauteuils rouges, nu des épaules. Et les danseuses nerveuses de Degas, et le Duranty de Degas — et le Polichinelle de Manet avec les vers de Banville !

Ah ! les douces heures passées là, à m’oublier sur les tables d’Albert Dürer, à rêver, et comme je