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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t4, 1925.djvu/74

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ŒUVRES DE JULES LAFORGUE

je me lève à cinq heures, et mon domestique est épaté lorsque, à sept heures, il vient, ne voit personne dans mon lit, et me trouve dans mon cabinet de travail, la lampe allumée, parmi mes paperasses étalées. Ce qui fait que la comtesse Hacke, qui de plus en plus joue à la maman avec moi, m’ordonne de me coucher à dix heures, de me lever à huit et d’aller aussitôt me promener au bois, lequel bois est à cinq minutes de Prinzessinen-Palais. Je n’y suis pas encore allé, mais je vais très souvent au Musée. Nous avons deux musées, comme le Louvre et le Luxembourg, — petite édition. — Quelques Rembrandt, deux Titien noirs et élégants, des Dyck moins fins que les nôtres, des Rubens, mais pas un étalage comparable au nôtre. Mais une collection de primitifs ! Surtout des Van Eyck ! J’en rapporte chaque fois des notes ; j’en ai déjà pas mal sur notre Louvre. J’oubliais les Ruysdael.

Dans le nouveau Musée, une imperturbable quantité de croûtes lisses et pourléchées. Je crois jusqu’ici que les Allemands ne sont pas artistes au sens complexe, comme nous. Il n’y a ici qu’un M. Joseph Brandt dont les Cosaques, à l’Universelle de 1878, m’avaient enthousiasmé inoubliablement. Je l’ai retrouvé au Musée. Voilà au moins de la peinture Hermann et Dorothée avec du pitto-