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Page:Laforgue - Œuvres complètes, t6, 1930.djvu/226

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ŒUVRES COMPLÈTES DE JULES LAFORGUE

de l’obsession le poussa encore à lever les yeux sur l’attitude de sa rivale.

« Qu’importe, songea-t-il, allons-y ! Mes doigts sauront garder le mouvement machinalement. »

Ses doigts eussent continué, impeccables, certes, s’il ne s’était agi que de rencontrer un regard fixe. Mais un bien autre piège, une bien autre vengeance l’attendait.

En levant les yeux, il retrouva l’imperturbable regard, mais en même temps voici que la dame (je vous le donne en cent), voici que la dame, dans le grand silence de la salle attentive, se mit à battre de l’éventail, à battre en mesure compliquée, lentement, à battre de l’éventail juste à contre-temps du passage fugué qui se développait.

Jean l’Estrelle devint rouge, sa main gauche s’embrouilla, l’autre voulut la rattraper et aggrava le sauve-qui-peut ! Il lui sembla que tout tournait autour de lui. Et le passage franchi, il continua à bredouiller encore. Une rumeur ironique couvait dans l’auditoire, on chuchotait.

Et le malheureux n’eut pas même la présence d’esprit de se lever et de s’excuser sur